Histoire d’un site, mésaventure d’un château !
Aperçu historique de la Roche de Solutré de l’époque gallo-romaine au moyen-âge :
« Il est bien certain que les Gaulois prirent possession de la Roche mais les remaniements postérieurs qu’on a fait subir, à différentes reprises, à l’esplanade du castrum primitif, ont à peu près effacé leurs traces. » (A.Arcelin [1]).
Le séjour des romains sur la Roche de Solutré semble attesté par des fouilles opérées en 1853 au sommet de la Roche révélant des restes de substructions, des médailles romaines, des tuiles à rebord, des poteries et d’autres produits industriels ainsi que des fragments de tuiles romaines trouvés par M. Arcelin en 1866 entre les fossés du château et le retranchement pratiqué en arrière. Dans la vallée, les romains ont par ailleurs ouvert une carrière de calcaire marbré, exploitée jusqu’au XIX ème siècle.
Les temps mérovingiens eux, ont laissé à Solutré une importante nécropole (environ 150 tombes) aux sépultures mélangées aux restes préhistoriques, d’où un certain nombre de confusions [2]…
« Il est bien certain que les Gaulois prirent possession de la Roche mais les remaniements postérieurs qu’on a fait subir, à différentes reprises, à l’esplanade du castrum primitif, ont à peu près effacé leurs traces. » (A.Arcelin [1]).
Le séjour des romains sur la Roche de Solutré semble attesté par des fouilles opérées en 1853 au sommet de la Roche révélant des restes de substructions, des médailles romaines, des tuiles à rebord, des poteries et d’autres produits industriels ainsi que des fragments de tuiles romaines trouvés par M. Arcelin en 1866 entre les fossés du château et le retranchement pratiqué en arrière. Dans la vallée, les romains ont par ailleurs ouvert une carrière de calcaire marbré, exploitée jusqu’au XIX ème siècle.
Les temps mérovingiens eux, ont laissé à Solutré une importante nécropole (environ 150 tombes) aux sépultures mélangées aux restes préhistoriques, d’où un certain nombre de confusions [2]…
L’époque carolingienne :
Le plus ancien texte concernant la villa de Solutré serait la Charte du
Recueil de Cluny.n°276. Il s’agit d’un échange entre le Comte-Duc
Guillaume le Jeune et Guiffré (926). Puis nous avons une donation du
Roi Raoul à Cluny provenant d’une Charte de 931, sous la forme d’un
acte de donation de la chapelle Saint-Pierre de Solutré et plus tard de
l’église paroissiale à l’évêque Bernon (Charte 933 n°408).
Solutré dépendait de l’ager de Fuissé, chef lieu de viguerie (charte de Cluny n°276) et également de la paroisse Saint-Julien (saint Julmianus de Roca) au hameau de la Grange du Bois.
(Solutré n’était apparemment qu’une localité secondaire au début de l’aire carolingienne)
Solutré dépendait de l’ager de Fuissé, chef lieu de viguerie (charte de Cluny n°276) et également de la paroisse Saint-Julien (saint Julmianus de Roca) au hameau de la Grange du Bois.
(Solutré n’était apparemment qu’une localité secondaire au début de l’aire carolingienne)
Le Moyen Age :
Comme toutes les terres du fisc, le château de Solutré et ses
dépendances sont passées dans le domaine des rois francs. Une des
chartes les plus anciennes de l’abbaye du Cluny nous apprend que le Roi
Raoul (Roi de France de 923 à 936) avait des possessions à Solutré et
que ce prince donna trois manses à l’abbé Hugues et à la petite
communauté naissante. (Charte de donation du 1er juillet 931). Le Roi
Raoul aurait également fait tailler un fossé dans le roc au sommet de
la roche. D’après l’abbé Rameau, c’est la forteresse tout entière qui
serait l’œuvre de Raoul, qui, en la bâtissant aurait surtout songé à
protéger ses frontières du côté Beaujolais. Situées à la frontière du
Beaujolais, les roches constituent de véritables éperons stratégiques.
Lorsque la féodalité se constitua aux dépends des prérogatives souveraines et que le Mâconnais tomba entre les mains des comtes héréditaires, le château de Solutré passa du domaine du roi à celui du domaine privé des comtes de Mâcon où il restera jusqu’à la fin du XIIe siècle.
L’abbé Laplatte, auteur d’une histoire manuscrite de Mâcon, écrit vers 1767 que le Roi Philippe-Auguste, luttant contre l’évêque de Mâcon vient en 1182 mettre fin à ses déprédations qu’il prit et fit démanteler plusieurs de ses châteaux, notamment celui de la Roche de Solutré, qu’il donna au chapitre de Saint-Vincent et que les chanoines conservèrent à titre d’engagistes du domaine [3].
Sous le Pontificat de l’évêque Ponce II, le comte de Mâcon, Gérard, s’empare du château de vive force et y mit «des juifs pour le garder ».
Peu de temps après, un seigneur du nom de Ponce de Mont Saint-Jean parvient avec l’aide de l’évêque Aimon «a y entrer par surprise et y fit précipiter du haut des remparts les juifs qui s’étaient réfugiés dans l’une des tours ». L’évêque remit alors le château entre les mains des chanoines de Saint-Vincent de Mâcon.
(passage d’un manuscrit d’Etienne de Bourbon ou de Belleville de 1250)
En 1222, le Comte de Mâcon, Jean de Braie fait saisir et emprisonner l’évêque Aymon, pour le remettre à Guy de Chevrier (un parent) qu’il récompensait en lui inféodant en 1226 tout ce qu’il y avait de vignes entre Mâcon et Saint-Clément.
Craignant la colère du Roi de France Jean de Braie rend la liberté à l’évêque ce qui permettra aux chanoines de retrouver à nouveau leurs biens sur la Roche. A partir de cette date ils auraient également entouré le château de solides murailles.
Mais après la vente du Comté de Mâcon, en 1330, par Jean de Braie au Roi de France, les chanoines faisaient abandon définitivement et en sa faveur de tous leurs droits sur le château de Solutré.
Lorsque la féodalité se constitua aux dépends des prérogatives souveraines et que le Mâconnais tomba entre les mains des comtes héréditaires, le château de Solutré passa du domaine du roi à celui du domaine privé des comtes de Mâcon où il restera jusqu’à la fin du XIIe siècle.
L’abbé Laplatte, auteur d’une histoire manuscrite de Mâcon, écrit vers 1767 que le Roi Philippe-Auguste, luttant contre l’évêque de Mâcon vient en 1182 mettre fin à ses déprédations qu’il prit et fit démanteler plusieurs de ses châteaux, notamment celui de la Roche de Solutré, qu’il donna au chapitre de Saint-Vincent et que les chanoines conservèrent à titre d’engagistes du domaine [3].
Sous le Pontificat de l’évêque Ponce II, le comte de Mâcon, Gérard, s’empare du château de vive force et y mit «des juifs pour le garder ».
Peu de temps après, un seigneur du nom de Ponce de Mont Saint-Jean parvient avec l’aide de l’évêque Aimon «a y entrer par surprise et y fit précipiter du haut des remparts les juifs qui s’étaient réfugiés dans l’une des tours ». L’évêque remit alors le château entre les mains des chanoines de Saint-Vincent de Mâcon.
(passage d’un manuscrit d’Etienne de Bourbon ou de Belleville de 1250)
En 1222, le Comte de Mâcon, Jean de Braie fait saisir et emprisonner l’évêque Aymon, pour le remettre à Guy de Chevrier (un parent) qu’il récompensait en lui inféodant en 1226 tout ce qu’il y avait de vignes entre Mâcon et Saint-Clément.
Craignant la colère du Roi de France Jean de Braie rend la liberté à l’évêque ce qui permettra aux chanoines de retrouver à nouveau leurs biens sur la Roche. A partir de cette date ils auraient également entouré le château de solides murailles.
Mais après la vente du Comté de Mâcon, en 1330, par Jean de Braie au Roi de France, les chanoines faisaient abandon définitivement et en sa faveur de tous leurs droits sur le château de Solutré.
Le XVe siècle et la Guerre de Cent Ans :
En 1417 La Duchesse de Bourgogne s’adresse par écrit aux mâconnais pour
les engager à «embrasser » le parti du Duc, son époux. Le 5 septembre
1417, les Mâconnais promettent soumission et assistance au Duc dans ses
entreprises. Le Bailli royal de Mâcon, Philippe Bonnay, pour punir la
ville se retira à Saint-Just de Lyon et envoya une lettre pour les
engager à rentrer dans l’obéissance du Roi.
Jean sans Peur, Duc de Bourgogne donne l’ordre à Jean Boschet, bourgeois de Mâcon et à Antoine, prévôt (agent royal) de Vergisson d’aller occuper et garder le château. Il fit acte d’autorité, révoqua le bailli fugitif et confia l’administration du bailliage au lieutenant juge-mage Pierre Marchand.
La lutte était donc engagée dans notre région et Mâcon fournit son artillerie, Bagé et Pont de Veyle prêtèrent leurs bombardes et l’on fit faire des édifices de bois à Serrières pour s’approcher des murs et enlever le château.
Le 2 mai 1418, des hommes du Seigneur de Bourbon « vindrent à la Roche devers matin et là a force d’armes et au mépris de la trêve prirent les gens du roi et habitants du Mâconnais tenant le siège devant ladite roche jusques au nombre de 200 personnes, les menèrent prisonniers dans la Roche avec leurs bombardes, canons, harnais, artillerie et autres biens, ravitaillèrent la Roche avant leur départ et emmenèrent leurs prisonniers avec plus de 4000 chiefs de grosses bêtes à Villefranche et Anse ou était la garnison des Armagnacs. »
Tout fut perdu et l’artillerie amenée de Mâcon ne servit à rien. Solutré et Vergisson furent brûlés, on pilla les cloches des églises qui furent en partie détruites.
Le 18 août 1424 on envoya des députés au Duc de Bourgogne pour avoir du secours contre les ennemis. Le 5 septembre, Philippe le Bon donne l’ordre de mettre le siège devant le château de la Roche. Sans combat Solutré se rend.
La guerre reprend en 1432 et la forteresse tombe aux mains des troupes du dauphin Charles. Le 22 février les Mâconnais envoient une ambassade au chancelier de Bourgogne «pour avoir provision et remède contre les ennemis étant à la roche de Soluytré qui destruysoient le pays ».
Le 22 octobre 1434, Philippe le Bon ordonne la destruction totale de la forteresse et finit dans sa demande par «et benoys soient tous ceux qui iront donner conseil, confort et aide à démolir ledit chastel. Amen ».
La tradition rapporte que plusieurs des démolisseurs mirent une telle ardeur à leur travail qu’ils se firent écraser sous la chute des murs. En 1853 M. Arcelin a retrouvé dans un amas de décombres un squelette étendu sur les «marches d’un escalier taillé dans le roc [4] », au nord-ouest du château.
La roche de Solutré resta dans le domaine royal et fit partie de la châtellenie de Davayé jusqu’en 1601. A cette époque une partie des murs était encore visible et l’on dit même que les moines de Cluny en firent lever le plan.
Après la révolution, le rocher devint la propriété de la commune de Solutré et ce qui restait des ruines fut utilisé comme carrière, la cure de Solutré et l’ancienne habitation de M. Febvre furent, dit-on, construits avec des matériaux provenant du château.
Jean sans Peur, Duc de Bourgogne donne l’ordre à Jean Boschet, bourgeois de Mâcon et à Antoine, prévôt (agent royal) de Vergisson d’aller occuper et garder le château. Il fit acte d’autorité, révoqua le bailli fugitif et confia l’administration du bailliage au lieutenant juge-mage Pierre Marchand.
La lutte était donc engagée dans notre région et Mâcon fournit son artillerie, Bagé et Pont de Veyle prêtèrent leurs bombardes et l’on fit faire des édifices de bois à Serrières pour s’approcher des murs et enlever le château.
Le 2 mai 1418, des hommes du Seigneur de Bourbon « vindrent à la Roche devers matin et là a force d’armes et au mépris de la trêve prirent les gens du roi et habitants du Mâconnais tenant le siège devant ladite roche jusques au nombre de 200 personnes, les menèrent prisonniers dans la Roche avec leurs bombardes, canons, harnais, artillerie et autres biens, ravitaillèrent la Roche avant leur départ et emmenèrent leurs prisonniers avec plus de 4000 chiefs de grosses bêtes à Villefranche et Anse ou était la garnison des Armagnacs. »
Tout fut perdu et l’artillerie amenée de Mâcon ne servit à rien. Solutré et Vergisson furent brûlés, on pilla les cloches des églises qui furent en partie détruites.
Le 18 août 1424 on envoya des députés au Duc de Bourgogne pour avoir du secours contre les ennemis. Le 5 septembre, Philippe le Bon donne l’ordre de mettre le siège devant le château de la Roche. Sans combat Solutré se rend.
La guerre reprend en 1432 et la forteresse tombe aux mains des troupes du dauphin Charles. Le 22 février les Mâconnais envoient une ambassade au chancelier de Bourgogne «pour avoir provision et remède contre les ennemis étant à la roche de Soluytré qui destruysoient le pays ».
Le 22 octobre 1434, Philippe le Bon ordonne la destruction totale de la forteresse et finit dans sa demande par «et benoys soient tous ceux qui iront donner conseil, confort et aide à démolir ledit chastel. Amen ».
La tradition rapporte que plusieurs des démolisseurs mirent une telle ardeur à leur travail qu’ils se firent écraser sous la chute des murs. En 1853 M. Arcelin a retrouvé dans un amas de décombres un squelette étendu sur les «marches d’un escalier taillé dans le roc [4] », au nord-ouest du château.
La roche de Solutré resta dans le domaine royal et fit partie de la châtellenie de Davayé jusqu’en 1601. A cette époque une partie des murs était encore visible et l’on dit même que les moines de Cluny en firent lever le plan.
Après la révolution, le rocher devint la propriété de la commune de Solutré et ce qui restait des ruines fut utilisé comme carrière, la cure de Solutré et l’ancienne habitation de M. Febvre furent, dit-on, construits avec des matériaux provenant du château.
Historique des découvertes sur le site :
Des fouilles réalisées en 1853 par un habitant du village (locataire
des terrains de la commune) ont fait apparaître un grand nombre de
débris antiques ou du Moyen Age, des médailles, des armes, des outils,
des clefs, d’innombrables fragments de poterie, des ossements humains
et des rebuts de cuisines où abondaient des ossements d’animaux, enfin
des centaines de pointes de traits et de viretons.
M. Arcelin a profité de «ces découvertes » pour lever les plans des substructions (voir illustration ci-dessous).
M. Arcelin a profité de «ces découvertes » pour lever les plans des substructions (voir illustration ci-dessous).
Les découvertes du XIXe siècle:
A l’extrémité de la Roche de Solutré, en 1842, on a découvert, entre
les deux fossés du château médiéval, des débris de tegulae [5].
A l’extérieur de l’emplacement du même château, en 1853, on amis au jour des tessons de céramique gallo-romaine, des tegulae et une monnaie du Haut Empire (non décrite) [6].
Avant 1862, M. de Ferry a recueilli une monnaie de Trajan, des tegulae, et a constaté l’existence d’une piscine romaine [7].
Au même endroit, vers 1868, Adrien Arcelin découvre d’autres vestiges, qu’il attribua à la construction d’un castrum romain et peut être d’une citadelle gauloise [8].
Au château, au sommet de l’éperon, à plusieurs reprises, avant 1834, on mit au jour des «rangées de tombes parallèles construites en pierre et divisées de 6 pieds en 6 pieds en compartiments distincts », ainsi qu’un sarcophage, sans doute en grès. Vers la partie nord du tertre, la plus rapprochée de la base de l’escarpement, A.Arcelin découvrit «des sépultures des Ve et VIe siècle et un fragment d’inscription funéraire romaine ». Des sépultures, fouillées en 1866, par A.Arcelin, étaient de plan trapézoïdal, à murettes ; on y a trouvé des agrafes à double crochet mérovingiennes [9].
N.B : Il existe des retranchements analogues sur d’autres sommets du voisinage, à Monsard (Bussière- lès- Milly) et à Berzé - la –Ville [10].
A l’extérieur de l’emplacement du même château, en 1853, on amis au jour des tessons de céramique gallo-romaine, des tegulae et une monnaie du Haut Empire (non décrite) [6].
Avant 1862, M. de Ferry a recueilli une monnaie de Trajan, des tegulae, et a constaté l’existence d’une piscine romaine [7].
Au même endroit, vers 1868, Adrien Arcelin découvre d’autres vestiges, qu’il attribua à la construction d’un castrum romain et peut être d’une citadelle gauloise [8].
Au château, au sommet de l’éperon, à plusieurs reprises, avant 1834, on mit au jour des «rangées de tombes parallèles construites en pierre et divisées de 6 pieds en 6 pieds en compartiments distincts », ainsi qu’un sarcophage, sans doute en grès. Vers la partie nord du tertre, la plus rapprochée de la base de l’escarpement, A.Arcelin découvrit «des sépultures des Ve et VIe siècle et un fragment d’inscription funéraire romaine ». Des sépultures, fouillées en 1866, par A.Arcelin, étaient de plan trapézoïdal, à murettes ; on y a trouvé des agrafes à double crochet mérovingiennes [9].
N.B : Il existe des retranchements analogues sur d’autres sommets du voisinage, à Monsard (Bussière- lès- Milly) et à Berzé - la –Ville [10].